Chronique de Messina
Saez est de ces artistes qui ne font pas la une des journaux ni
n'obstrue l'espace médiatique de leurs douleurs colorectales - sinon par
inadvertance quand une compagnie de transport
se préoccupe de la bonne moralité de ses clients. Ce manque d'intérêt
ne l'a pas empêché d'écouler cent mille exemplaires de son opus
précédent J'Accuse (oui, celui avec la femme dans le Caddie).
Revoici
donc l'homme qui n'a pas chômé depuis sa tournée puisqu'il gratifie le
public de pas un ni deux mais bien trois albums réunis sous l'intitulé Messina et sous-titrés Les Échoués, Sur Les Quais et Messine. Instantanément revient en mémoire Varsovie - L'Alhambra - Paris, frère aîné de quatre ans dont émergeait « Jeunesse lève-toi ». Plus long en bouche et plus digeste, Messina est l’œuvre d'un Saez plus attentif au détail, surprenant de maîtrise et musicalement plus mûr.
En témoignent une poignée de titres qui sortent du lot et figurent parmi ce qu'il a fait de mieux, en particulier « Les Fils d'Artaud » baignant dans une atmosphère quasi mystique, le titre générique « À nos amours » suivi de quelques variantes (« Webcams de nos amours », « Aux encres des amours », « Messine ») et « Betty », petite sœur de « Debbie » (2004). Outre deux titres déjà diffusés (« Marie » en live et « Ma petite couturière » en téléchargement), l’œuvre à la tonalité parfois intimiste, notamment dans les pièces
instrumentales, livre son quota de rock adolescent moins surprenant mais
qui a fait la réputation de l'écorché vif.
On peut goûter ou non
la poésie ou la voix ténue de Saez et ceux qui n'y adhèrent pas sont
nombreux mais force est de reconnaître son originalité, sa démesure et
son perfectionnisme comme les preuves d'un talent artistique qui trouve
ici son accomplissement.
Loïc Picaud
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