Chronique trouvé sur le site de L'express
Damien Saez: les rimes comme porte-flingues à Messina
Il est des symboles qui rassurent dans la cacophonie ambiante. Et
Damien Saez a encore une fois frappé, à la sueur des écritures et de ses
nuits dans l’absinthe, avec une nouvelle histoire poignante, en 3
albums: Les Echoués, Sur les Quais, Messine.
Ca me soulage, parfois, de savoir qu’un Damien Saez parvienne à nous
toucher là où l’âme souvent échoue. On manifestait avec lui en 2002, on
allume une clope 10 ans plus tard comme un lendemain de victoire.
Les odyssées de Damien Saez ne sont pas comme ces publicités en
sépia; l’amour écorche, la jeunesse a le spleen et le trentenaire
n’oublie pas qu’un jour il avait des rêves.
Les titres s’enchaînent dans les écouteurs, et l’on passe d’une Marie, putain aimante, à ces Magnifiques, petits diables modernes qui maîtrisent le statut Facebook comme d’autres l’arithmétique:
“Ils se déversent, ils me dégoûtent, et pourtant putain qu’ils sont beaux”
Damien Saez a bien compris qu’il n’avait pas besoin de faire de
promotion; quand le vide s’emplit d’absence, alors le rare signal
qu’émet l’absent est plus fort que les clavardages. Damien Saez parle à
nos générations de paumés et de débrouillards. Il nous met une gifle à
chaque paragraphe et nous offre des longues minutes instrumentales pour
le plaisir du temps long.
Pas du désespoir criard pour le plaisir de faire chialer dans les
chaumières, non. Juste un peu de poésie sur nos rivages et cette envie
de nous faire redécouvrir qu’il existe un monde à côté du fric et des
flux d’information.
C’est probablement ça, la force de Saez: nous donner rendez-nous avec
nous-mêmes tous les quatre matins. Et de nous rappeler nos
individualismes collectifs, alors que de Liège à Messina, de l’Alhambra à
la Palestine, d’autres que nous meurent et aiment.
A ta santé, Damien.
lilzeon
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